Une voix jeune et cristalline s’éleva alors : « Tes paroles ne sont point communes, ami étranger et ton cœur est empli de feu. Peut-être voudras-tu éclairer mon esprit ? Je souhaite servir nos dieux et demeurer dans le temple qui couronne la colline. Mais voici que d’autres dieux nous viennent de la mer, avec d’autres rites et d’autres savoirs. Qui donc approche le mieux le Divin ? Et comment le servir ? » Lechaïm leva les yeux et aperçut au loin la coupole du temple. Puis son regard s’abaissa sur l’homme jeune qui avait rasé son crâne. Il leva les deux bras vers le ciel puis dit d’une voix forte :
Nos mains se dressent vers le ciel, Implorant le Divin de se nommer, Afin qu’il soit honoré et servi, Et veuille répandre ses bénédictions. Car chaque fleuve a une source, Toute maison a eu un bâtisseur. Quel est donc l’architecte de l’univers, Qui dirige le cours de nos vies ? Des visions étranges naissent, Des contes et légendes se créent, Des dieux sont sculptés dans l’or ou l’ivoire, Abrités dans le marbre des temples Dévolus à leur invocation. Des hommes se font serviteurs, Prêtres voulant connaître l’Invisible, Dans l’encens brûlé auprès des offrandes. Nul ne blâmera les cœurs nobles et purs Qui implorent les dieux au nom des humains, Et apportent la paix aux foules inquiètes, Tout comme est donnée la loi morale Sanctifiée sur un autel. La voie de l’un est la prière, Qu’elle s’élève pour chacun, D’autres agissent dans la cité Pour la communauté des hommes, Le bien des humbles est aussi service divin. Les peuples paisibles ont des dieux pacifiques, Les guerriers invoquent la foudre ou le tonnerre, Les riches élèvent des statues d’or. Peu importent les noms et les attributs, Tous différents et tous semblables. Tous ces dieux sont, du Divin Dont on dit que seul Il est, Á la fois proches et lointains, Car on ne peut ni Le voir ni L’ignorer.
