Un homme d’une trentaine d’années, assez frêle, fit un mouvement vers Lechaïm. « Permets-moi une interrogation, homme sage : J’ai un vieil ami, qui, devenu médecin, ne me rend guère visite alors que je l’en prie souvent. Il me dit qu’il viendra, mais les jours passent et cela me blesse ; que dois-je en penser ? »
Lechaïm esquissa un sourire :
L'ami qui vient encore, Quelle que soit l'heure Et quel que soit le jour, Réjouit celui qui l'attend. Car la vie suit sa course, Et tant de choses viennent Que le devoir impose ! Tant de soins à donner, Au malade qui espère, Comme au bien-portant Qui ignore sa fortune. Tant de soucis et peu de temps, Oui la vie, c'est cela, Et chacun le sait. L'ami qui vient encore, Ne dirait-il qu'un mot, S'il va bien, c'est une joie, Car un fil se renoue, Une mélodie résonne, Qu'ils sont seuls à connaître. Demande avec patience Que les dieux permettent sa venue, Et le soir sera plus léger, La nuit sera moins obscure, Car la vie, c'est aussi cela : Des amis qui retrouvent, Le temps d’une pause, Des joies lointaines Et des regards brillants Emplis d’images et de sons, Adressés l’un à l’autre.