La force de la parole                     

 

Un officier à la stature imposante et la mine fière écarta alors les premiers rangs et dit à Lechaïm : « Tu parles bien, étranger ; mais que feraient des paroles sans la persuasion du glaive ? »
Lechaïm s’inclina légèrement devant l’officier et le salua en ces termes :

Bienvenue est ta sagesse,
Qui m’a laissé parler sans me connaître
Quand tu pouvais disperser la foule.
En vérité, seul est habité ici-bas
De la force ultime des dieux
L’humain qui maîtrise sa peur
Et retient son bras,
Sachant les mots précieux
Qui apaisent les hommes
Sans se saisir de son glaive.
Qui a jamais persuadé par le fer brandi ?
Celui-là est craint, qui sans trêve
Contient ses adversaires
Et tue ses ennemis,
Du moins ceux qu’il croit tels.
Mais le sang versé nourrit l’inquiétude,
Il n’apaise ni ne convainc, et la cité,
Redoutant le poing qui s’abat
Comme le laboureur craint la grêle,
Mettra fin au pouvoir du glaive.
Valeureux est celui qui commande
En étant aimé autant qu’obéi,
Laissant l’épée au fourreau
Tant que le geste et la voix
Calment l’homme querelleur.
Son nom sera encore prononcé
Par les femmes devant l’âtre,
Et les enfants devenues mères
Se rappelleront le temps de ses jours.




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