Maladie d'un enfant                    

 

Une femme aux yeux gris lui adressa alors cette demande d’une voix lasse : « Mon fils unique est malade depuis de longues semaines ; qui peut l’aider à guérir ? »
Lechaïm plongea son regard dans le sien avant de répondre :

La maladie blesse le corps
Et touche aussi l’âme,
Celle de l’enfant sur sa couche
Ainsi que le cœur de la mère,
Qui espère la faveur des dieux.
La chair est notre lot,
Elle n’est pas tout le Réel,
Car le visible et l’invisible
Unissent leurs fils dans la trame
De nos destins obscurs.
La voix fervente de chacun,
Mêlée de crainte ou de larmes
Ne s’élève pas en vain vers le ciel,
Si l’âme pleure aussi de gratitude
En disant sa souffrance.
La douleur seule n’est point féconde,
Elle sonne comme un reproche
A la face des dieux innocents,
Car nul ne voudra détruire
Ce qu’il a un jour appelé à la vie.
Clame ta souffrance et ta joie
De n’être point abandonnée,
Malgré la peine qui t’étreint.
Appelle les êtres d’en haut,
Avec ferveur et amour,
Certaine d’être entendue,
Car déjà ils nous contemplent
Et se tiennent auprès de nous.
Ce que l’esprit peut obtenir
N’est alors pas refusé,
Si la supplique sans relâche
Se répand sur la plaine.
Oui, tout sera donné
De ce qui peut l’être
Dans la prison de notre chair,
Car le Souffle va au souffle
Et la Vie s’unit à la vie.

 

 



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